Le chapitre de ma deuxième vie s'est ouvert dans une atmosphère chargée de suspense.
Ce que j'apprécie lors des entretiens d'embauche, c'est lorsque certains recruteurs posent la célèbre question : "Où vous voyez-vous dans cinq ans ?"
En cinq ans, l'inattendu peut frapper à votre porte, voire bien plus tôt. Tellement vrai, qu’un grand ami adepte des vérités de La Palice, a une approche simple de cette question en la résumant ainsi : "Pour mourir, il suffit de vivre !"
Pour illustrer cette vérité crue, laissez-moi vous relater calmement et en avant-première, l'épisode que j'ai vécu samedi passé quand j’effectuais le parcours La Sarraz – Cascade du Saut du Day – Orbe – La Sarraz.
J'étais parti en mode solo, chevauchant mon destrier à deux roues, quant à mi-parcours et à 1,5 kms de "Les Clés", je me suis retrouvé au cœur d'un drame qui aurait pu être un vrai blockbuster.
En tentant d'esquiver une pierre sur le sentier, j'ai brusquement dévié vers la gauche et, de manière inexplicable, commencé à dévaler le versant gauche. Comme vous pouvez le constater sur les photos, ce sentier surplombe une rivière à plus de cinquante mètres de hauteur. À peine avais-je parcouru un mètre que le pneu avant s'est coincé, et j'ai été projeté par-dessus le guidon. Dans ma chute, j'ai eu un réflexe désespéré de m'accrocher à un minuscule sapin qui, hélas, n'a pas pu supporter mon poids. En m'enroulant pour amortir la chute, je me suis retrouvé ventre contre le versant, glissant avec le vélo au-dessus de ma tête.
Dans ces instants cruciaux, tout se joue à une fraction de seconde, la ligne entre la vie et un destin funeste dépendant des réactions instinctives.
En résumé, je suis tombé, j'ai glissé et j'ai dévalé environ quatre mètres d’altimétrie dans un terrain humide et boueux, couvert de feuilles mortes et d'herbe, sans rien pour m'accrocher. La pente abrupte de plus de 45 degrés explique la facilité de ma glissade. Avec difficulté, je suis parvenu à enfoncer mes cales dans le sol boueux et à retenir le vélo, évitant ainsi une chute de plus de trente mètres dans le vide.
Revenant à mes esprits, j'ai constaté que j'étais à près de six mètres du sentier et à moins de deux mètres du précipice. J'avais vraiment manqué de chance quant à l'endroit de ma chute.
De manière étonnante, malgré la situation périlleuse, l'absence de secours et le risque imminent de glisser davantage, aucune panique ne m'a envahi. Je me suis agrippé au sol boueux avec une détermination de survie, fixant mes cales avec des coups de pied.
Progressivement, j'ai réussi à remonter de cinquante centimètres, puis d'un mètre. J'ai essayé de tirer le VTT vers moi pour le passer par-dessus de ma tête, utilisant le guidon comme une ancre. C'était un sacré défi, car le vélo pèse onze à douze kilogrammes et donc, très difficile à déplacer sur une pente aussi inclinée.
Après un laps de temps qui semblait durer une éternité, j'ai réussi à le positionner plus en amont. Cependant, un faux mouvement m'a fait redescendre en glissade, entraînant le VTT avec moi. Une scène de film d'horreur se dessinait, je glissais maladroitement vers le vide, la mort me faisant signe d'une main cruelle.
Je ne saurais dire, si j'étais sous l'effet de l'adrénaline ou en mode super-héros, mais curieusement, aucune douleur ne m'assaillait, je n’ai rien ressenti, seulement l'instinct de survie me poussait à m'accrocher comme une bernique à son rocher.
J'ai réussi à m'arrêter et j'ai compris qu'il fallait changer de stratégie. Malheureusement, appeler à l'aide n'était pas envisageable, car il était presque seize heures, et je n'avais croisé personne en descendant, à l'exception de quelques randonneurs qui montaient en sens inverse.
Regrettant de ne pas avoir de piolets dans mon sac à dos (dorénavant, qui sait), j'ai dû improviser rapidement.
Un caillou longiforme, mesurant quinze centimètres de long sur cinq centimètres de large, est devenu mon piolet improvisé, planté dans la terre humide pour supporter mon poids. Mes pieds étaient fixés au sol avec les cales métalliques de mes chaussures, et ainsi, j'ai réussi à grimper d'un mètre environ.
Restait à gravir deux mètres supplémentaires pour atteindre un tronc délabré sur ma gauche. Redoublant d'efforts avec une vigilance extrême pour éviter de glisser à nouveau, j'ai finalement réussi.
Après plus de quarante-cinq minutes tendues, j'ai atteint enfin le sentier où tout avait commencé, indemne et étonné par le calme et la sérénité qui ont jalonné ce sauvetage miraculeux.
Je pense avoir été d'une chance exceptionnelle, mes anges gardiens, que ce soit Dieu, la force ou autre, jouant un rôle crucial dans cette aventure.
On dit que les chats ont sept vies. Moi, je viens de débuter ma deuxième, en espérant qu'elle soit aussi longue et trépidante que le précédente.
Je partage cette aventure non seulement pour tempérer et conjurer mes démons, mais surtout pour vous mettre en garde, que même si vous êtes le roi de la jungle dans votre domaine, le danger peut toujours surgir comme un lapin effrayé devant une carotte.
Après avoir repris mes esprits, comme si de rien n'était et sachant qu'il me restait encore près de vingt kilomètres jusqu'à la fin de mon parcours, je suis remonté sur mon VTT et j'ai repris mon chemin.
Les détails croustillants de l'état de certaines parties de mon corps, je vous les épargne
.
Et vous, avez-vous déjà frôlé la grande faucheuse ? Comment avez-vous réagi ?
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Cumprimentos betetistas e até à próxima volta…
Alexandre Pereira
Um Bravo do Pelotão, neste caso sem…